Parcours apocalyptiques en Vallée d’Aoste
Le projet de l'Académie-Saint-Anselme d'Aoste et de l'Association Augusta d'Issime propose un parcours à travers le territoire valdôtain, adapté aux touristes ainsi qu'aux habitants locaux, pour explorer les peintures murales du Jugement dernier dans les églises et chapelles, offrant une occasion de réfléchir sur les réalités ultimes de la vie.
Le Jugement dernier est l’une des représentations les plus populaires de l’iconographie religieuse, il a été sujet à l’évolution des goûts et des styles au cours du temps il est cependant toujours resté fidèle à une très ancienne tradition iconographique qui remonte à l’Évangile selon Matthieu et à l'Apocalypse de saint Jean.
L'Académie-Saint-Anselme, de concert avec l’Association Augusta de Issime, propose un itinéraire à la découverte du Jugement dernier à travers les peintures murales visibles dans certaines églises et chapelles du territoire régional. D’autres témoignages, aujourd’hui fragmentaires ou presque illisibles, existaient dans l’église des Saints Pierre et Ours d’Aoste (de la fin du Xe - début du XIe siècle), dans la chapelle du château Sarriod de La Tour à Saint-Pierre (de la moitié du XIIIe siècle), dans l’église paroissiale de Notre-Dame de l’Assomption à Morgex (1493) et à Pont-Saint-Martin, dans l’église de Fontaney du Très-Précieux-Sang-de-Jésus (de la fin du XVIe siècle).
Il s’agira d’un bref voyage pour connaître un patrimoine répandu mais parfois peu connu des communautés locales et des touristes et aussi d’une occasion toujours actuelle de réfléchir sur les réalités ultimes de la vie, les “novissimi” latins. Lorsque nous regardons ces compositions grandioses, clairement visibles, en guise d’avertissement sévère adressé aux fidèles sur les façades ou à l’intérieur des édifices sacrés, il est difficile de ne pas y percevoir une brèche dans la perspective de l’existence humaine qui s’ouvre sur l’éternel. C’est une éternité qui se construit dans le présent, en lien avec Christ, Maître et Souverain de l’histoire dont le visage continue à s’incarner dans l’humanité que nous rencontrons.
Points du parcours
Église paroissiale Saint-Jacques
Le Jugement dernier le plus imposant présent en Vallée d'Aoste a fut réalisé en 1698 par le peintre Paul-François Biondi. La fresque, fidèle copie d'une gravure flamande du début du XVIIe siècle, illustre avec une grande richesse de détails le Paradis, la chute de Babylone, la résurrection des morts, le Purgatoire et l'Enfer.
Chapelle Saint-Michel
La riche décoration picturale à l’intérieur de la chapelle, signée par le peintre Giacomino d’Ivrée, met en valeur la figure du patron de la chapelle, saint Michel, en train de peser les âmes, ainsi que celle d’un autre archange en habit de guerrier, saint Raphaël, qui pousse les damnés vers leur triste destin. Escortés enchaînés par les démons, les pécheurs finissent dans la gueule de l'Enfer, sous les traits d’un loup féroce à la gueule ouverte.
Fresque de la "Bonne Mort"
La fresque sur la façade d'une maison privée est un rare témoignage de la fin du XVe siècle du Jugement particulier, à savoir celui auquel est soumise l'âme de chaque individu au moment de son trépas. La scène exhorte au repentir pour parvenir à la mort en état de grâce, en illustrant le chemin de la rédemption obtenu par une échelle hiérarchique d'intercessions qui va de la Vierge Marie à Jésus, jusqu’à Dieu le Père.
Église paroissiale du Très-Saint-Sauveur
Le Jugement dernier sur la façade de l'église fut réalisé en 1676 par le peintre Bernardino Fererio, d'après le modèle d'une gravure française du début du XVIIe siècle. Le prixfait prévoit la présence du Paradis, du Purgatoire et de l'Enfer, comme dans l'église paroissiale voisine d'Issime.
Chapelle de Saint-Léonard et Saint-Grat
Le Jugement dernier qui domine la façade, malheureusement très repeint, date probablement des premières années du XVIIIe siècle, lorsque la chapelle fit l'objet d'une campagne de rénovation. Le peintre inconnu s'est inspiré d'un modèle graphique du début du XVIIe siècle pour représenter le Paradis, les anges soufflant dans les trompettes, la résurrection des morts et l'Enfer.
Chapelle Saint-Pantaléon
La façade de la chapelle, reconstruite vers 1721, est décorée d’une vive représentation du Paradis. La référence au Jugement dernier est présente dans la figure centrale de saint Michel avec l'épée flamboyante et la balance pour peser les âmes.
Chapelle du Saint-Suaire
Le Jugement dernier qui recouvre entièrement la façade fut réalisé en 1759 par le peintre de la Valsesia Giacomo Gnifeta. Selon la partition habituelle, le Paradis occupe la partie supérieure de la composition ; dans la partie inférieure, le Purgatoire se trouve à gauche et l'Enfer à droite.
Chapelle Notre-Dame-des-Neiges
Le concert des anges jouant de leurs instruments pour célébrer la gloire du Paradis est le thème principal du Jugement dernier du milieu du XVIIIe siècle qui décore la façade, bien que ce dernier soit parvenu à nos jours largement repeint et sans la partie inférieure.
Chapelle Saint-Michel
Du Jugement dernier qui, à l'origine, recouvrait entièrement la façade, le réaménagement du XIXe siècle n'a conservé que la partie gauche, avec le Paradis dans la zone supérieure et le Purgatoire dans la partie inférieure.
Chapelle Saint-Jean-Baptiste
Le Jugement dernier bariolé, peint en 1875 par Franz Curta et imprégné de suggestions michelangelesques, comprend le Paradis peuplé de figures de saints, de membres du clergé, d'un guerrier et de gens du peuple, ainsi que le Purgatoire et la caverne de l'Enfer.